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Les 100 ciels

une globule méchante jetée nonchalamment sur le monde

Le job alimentaire pourri à tester avant la fin du monde : le promenage de petits chiens (part.1)

Oui, on peut vagabonder avec un petit chien, l'emmener à la selle, et être payé pour cela.

C'est un fait.

 

Oh mamy Karine, raconte nous vite ton expérience de promenage de petits chiens !

 

Quand j'avais 20 ans (il y a donc fort, fort, fort longtemps), je cherchais par n'importe quel moyen à me faire des sous. Je vous vois venir, n'importe quel moyen  ah ouais d'accord, on voit le genre. Que nenni mes amis, pas de saloperitude du slip dans cet article, que du petit boulot convenant.

Il me fallait faire bourse pleine pour festoyer chaque week-end, car au temps jadis, je sortais plusieurs fois par semaine, ne dormant que de temps en temps avachie comme une larve anémique dans mon lit qui servait donc fort peu.

Un Get 27 entraînant un whisky coca entraînant une bière entraînant un punch qui entraînait alors un Martini, ma bourse se retrouvait fort déplumée quand le soleil du jour venait à se lever, et que l'air que j'expirais était aussi alcoolisé que Sue-Ellen au pire de sa forme.

Et puis n'oublions pas mon coeur fort généreux qui payait des coups à tout va à n'importe qui dans un quelconque espoir de je ne sais plus trop quoi d'ailleurs, bien que je sois désintéressée comme fille et ça tout le monde vous le dira, mais du coup, à cause de ce don de générosité offert par mes doux parents, je me retrouvais aussi endettée que la Grèce.

 

Ainsi, un beau jour (ou peut-être une nuit), je tombe sur une annonce qui disait à peu près ceci :

 

"Société indépendante à but non lucrative m'enfin si quand même, cherche jeunes décérébrés pour promener les animals de vieilles personnes dont le déambulateur ne permet pas de longues balades le long de Seine, contre rémunération correcte mais pas trop quand même. Pas de diplôme exigé, il suffit de savoir marcher et d'avoir un bras pour tenir la laisse".

 

Aimant les chiens, je me suis dit : "extra ce plan, payée à balader du toutou, je fonce !".

Là j'arrive chez une femme sympa qui m'offre le café et m'explique le boulot. Simple, des balades de 30 minutes, une fois par jour, de préférence aux aurores.

Là, je me dis que ça tombe bien, je sors de soirée vers 5h, et je vais direct, avec mon alcoolémie intélorable chercher le clébard, je le balade -ou pas, je peux aussi m'asseoir sur un banc en attendant que ça passe- et hop, j'empoche le chèque.

Forte de cette profonde réflexion, j'accepte le boulot.

 

Vous imaginez que si je ponds un article sur le sujet, c'est que ça ne s'est pas tout à fait passé comme prévu (comme prévu dans mon imaginaire qui voit tout en rose, bien évidemment, ce connard).

 

Un après-midi, la boss m'emmène voir où réside mon premier client, au cas où je ne repère pas les lieux toute seule. Quartier de l'Odéon, petit appart de bobo branché, et là, au milieu du salon : Nestor.

Imaginez bien le tableau, Nestor est un bouledogue anglais neurasthénique. Oui, le pléonasme est ici fait exprès, puisque de base, un bouledogue anglais a autant de tension qu'une carpe décédée. Nestor réussissait le formidable exploit d'être à la fois : endormi, mou, gélatineux et flan.

Je me dis que ça va être du gateau cette histoire et on s'en va.

 

Le samedi suivant, je viens chercher Nestor pour la balade. Il est 16 heures, il est là comme une grosse merde, écrasé de tout son poids avoisinant bien les 30 kilos si c'est pas davantage.

Vous en conviendrez, tout chien normalement constitué bondit à l'audition du bruit tintant de la laisse. Un chien associe chaque bruit à un mot, oui c'est basique un chien, et le cliquetis de la laisse signifie "PISSER !".

Bon bah Nestor en avait strictement rien à foutre. Il me regardait avec un seul oeil ouvert, de peur de se fatiguer s'il ouvrait le second, et il semblait me dire : "laisse moi crever ici, je vais te retarder, continue sans moi arggghhhhh !".

Il a fallu que je soulève l'engin pour lui accrocher la laisse. Visez le tableau, moi 20 ans toute freluquette et si mince olalala qu'elle est mince, 50 petits kilos de rien du tout, utilisant toute mon énergie pour attacher une pauvre laisse ! Heureusement j'avais mangé du Nutello, car il en faut de l'énergie pour devenir grand !

 

Là, je sentais déjà que la balade c'était mal barré. J'ai bien pensé à le laisser là, voyant qu'il n'avait pas plus envie d'uriner que moi de me faire arracher une dent, mais j'avais peur que ça se voit.

Je ne sais pas vous, mais moi quand on me demande de faire un truc, et d'autant plus si je suis payée à le faire, ben même si je suis seule, j'ai l'impression que je suis filmée, qu'on me surveille, et qu'un connard va venir me foutre la vidéo sous le nez en me gueulant dessus : "baaah alors connasse et ta mission ?".

 

J'ai donc descendu Nestor dans la rue.

Une marche après l'autre, au cas où il se serait foulé le coussinet. Pourtant, je l'encourageais le Nestor :

"allez pépére, tu peux le faire"

"mais tous les chiens aiment se promener, hein, pro-me-ner !"

"allez, plus que deux marches, c'est biiiiien, bon chiiiiiien".

Un quart d'heure pour arriver en bas. En fait la balade d'une demi-heure semble comprendre 15 minutes de descente et autant de remontée. Je comprends pourquoi le maître de Nestor paie des gens pour faire pisser sa calamité de chien.

 

Une fois dans la rue, faut tirer le machin. Rhooo punaise, je dois faire le tour du quartier avec une enclume de 30 kilos attachée au bout d'une laisse.

Pourtant il était mignon Nestor, et puis on pardonne tout à nos amis les bêtes, on a toujours envie de les poupougner, et, généralement, le chien a beau faire un truc qu'on trouve trop con, la mignotitude dépasse la connerie du chien. Bon ben pas dans le cas de Nestor, et je vais vous le prouver par un schéma scientifique très simple. 

 

Schéma de mignonitude et de connerie de Nestor :

 

  Capture-1-copie-6.gif

 

 

 

Ce qui fait qu'au bout d'une demi-journée, on a juste envie de donner un bon coup de pied dans le gros cul flagoleant de Nestor.

 

J'ai donc continué à traîner mon boulet canin, quand tout à coup et alors que je m'assoupissais en marchant, des gosses sur des skates passent.

Là, j'ai eu comme un flash ; ça doit faire ça aux gens qui voient des apparitions à Lourdes.

"J'ai vu une grande lumière !"  ah bah oui tu penses, Nestor venait d'entamer un sprint (oui, un bouledogue anglais peut sprinter, je l'ai vu), emmenant avec lui, mon bras, ma clavicule et l'intégralité de mon épaule.

Je n'ai point eu le temps de crier ma douleur, ma colère la submergeant tel un tsunami d'envie de buter un chien, et je me suis mise à hurler sur ce pauvre Nestor qui a fini par s'arrêter,  et à m'observer comme si j'étais venue d'un autre monde, il a soupiré de toute l'intégralité de ses babines pendantes et baveuses, puis, comme s'il ne s'était jamais rien passé, il est retombé dans un profond comas.

 

Le lendemain, la chef m'appelle pour demander si tout s'est bien déroulé avec Nestor.

Je suis assise sur mon lit, une bande de Synthol sur tout le bras gauche, et je m'entends lui répondre du haut de mes courageux 20 ans :

"ah oui oui, super, j'adore Nestor".

Là, elle me répond :

"non parce que j'ai oublié de vous dire hier, il déteste tout ce qui possède des roues et des roulettes"

Moi, sniffant le Synthol :

"comme les skates ?"

Elle, amusée :

"oui, oui, comme les skates"

 

To be continued...

 

Episode 2 : Marshall le vieux chien qui grince.

 

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O
je l'aime déjà ce Nestor..XD<br /> oh, et "intélorable", j'adore.
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S
Serait-ce une série ? Vivement la suite !
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L
Je ne savais pas que tu avais vécu des aventures aussi palpitantes!<br /> Droopy est un excité à côté de Nestor! Peut-être qu'il aurait fallu lui mettre des roulettes!
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