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Les 100 ciels

une globule méchante jetée nonchalamment sur le monde

Des tonnes de boues et des kilomètres de bottes

Reading, mon Koh-Lanta

Faire un festival de musique est une aventure. Aller au festival de rock de Reading (UK), 40 années d'existence, l'un des plus gros festival du genre, est une épopée. Tous les lieux regroupant des troupeaux de gens permettent de se faire une certaine idée du genre humain.

Imaginez un peu : le festival accueille 80 000 personnes sur 3 jours, soit, environ 25 000 par jour. Etant donné que la tête d'affiche (MUSE) passait le dimanche, on passe facilement à 35 000 personnes rien que pour cette journée là. Cela fait beaucoup de monde. On a du mal à se représenter une telle masse, et, une fois dedans, c'est extrêmement perturbant, comme si on se baladait à poil, un slip sur la tête, entouré d'effluves de bottes à la senteur de pied.

Pas un instant sans une foule autour de soi, la tête tourne très vite, et puis, comme pour tout, on s'habitue.

Mais revenons à la fameuse botte...

Car oui, la tenue du festival était pour les filles : mini-short / bottes de jardin, et pour les gars, jean trop grand, slip / bottes de jardin. Quand on n'a pas l'habitude de ce genre d'événément, on ne prévoit pas de bottes de pluie kaki. Disons que ça ne vient pas à l'idée comme ça, comme on pense pas à amener un filet de pêche quand on va acheter des yaourts chez Auchan.

Donc pour les néophytes comme moi, notez le bien, si vous faites un festival (surtout lors d'un été pourri) : prenez des bottes.

 

Le festival de Reading vu du ciel : des tentes Queshua à perte de vue, et encore, on voit pas tout, ça rentre pas dans le cadre...flippant ? Oui.

 

"Rhaaaaa, mais ça sent la botte ici !"

C'est vrai qu'avant d'aller au festival, lorsque j'ai vu, en ville, des tas de jeunes en bottes, couverts de boue jusqu'aux genoux, je me suis sentie toute nue et toute conne avec mes petites Converse. Je me suis rassurée en me disant que, peut-être, y'avait une convention sur le jardinage le même week-end, mais en fait non pas du tout.

L'arrivée au festival est une lutte : les parkings sont blottis entre un champ de blé, et un champ de rien, au bout de petites routes spécialement conçues pour les festivaliers. L'organisation est au top, rien à dire. Mais lorsque l'on descend de la voiture et que l'on entreprend la marche jusqu'aux scènes, on ne s'attend pas à une visite de Sangatte. Il faut marcher 20 minutes pour arriver aux portes du rock, 20 minutes de camping dans la boue. Je n'avais jamais vu de camps de réfugiés, j'ai été servie. Des tentes, de la boue, des jeunes mouchetés de boue et diverses autres secrétions corporelles louches, de la boue, des montagnes de détritus (apparemment là-bas quand on mange un cassoulet on jete la boîte à ses pieds, boîte qui rejoint les coton-tiges usagés, les vieilles capotes trouées, les Vania, les nids à Mickey, et tous les repas pris pendant trois jours), de la boue, des odeurs de déjections non pas canines, mais humaines, toutes sortes de déjections hein, celles balancées par l'avant, par l'arrière, bref tout...de la boue, de la boue, du caca, de la boue.

C'est un peu un choc. On se demande toujours comment, même pour 3 jours, des êtres humains peuvent vivre dans une telle déchéance crasseuse sans attraper la chtouille, le choléra, ou la lèpre buccale et bubonique, voire, vu l'état de certains, les trois.

 

Oui, voir Muse se mérite...Après ça, j'étais fort aise de dormir...à l'hôtel !...

 

 

On joue à "on traîne Jeanine dans la boue ?"  Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

 

 

La pizza au foin

Le lieu du festival est plus herbeux, fort heureusement. Mais à force d'être piétinée, la terre est quelque peu retournée, libérant des années d'engrais animaliers. Je vais faire court, en gros, ça sent la merde de poney. Et là encore, on s'y habitue pas mal. Malgré les odeurs innomables, la jeunesse ne reculant devant rien, les nombreux stands de bouffe sont pris d'assaut. On peut manger de tout : des nems, des smoothies, des hamburgers, des frites, des nouilles, des pizzas, des jus de banane, des gaufres, des kebabs, tout est possible, à condition donc, d'aimer manger quand ça sent le petit fourré crotté après une bonne cure de dragées Fucca.

Par contre, malgré l'aisance de ces êtres pas comme les autres à vivre dans la bouillasse fécale, les jeunes anglais ne sont pas, comme on le prétend, des alcoolos, la plupart tournant aux sodas. L'ambiance est même plutôt digne de l'île aux enfants, la plupart son déguisés en animaux de la jungle, pas de quoi créer des émeutes. Comme je suis faible, j'ai moi même fini avec un bonnet-tête d'ourson mou sur la tête.

 

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Main Stage, la scène principale, celle où Muse à mis le feu. Si tu me retrouves, je t'offre ton poids en flan...

 

En attendant Muse

Il faut passer le temps avant le concert. Pas de problème, le spectacle est tout autour de moi. Assise dans l'herbe parsemée de morceaux de poulets séchés, je suis à hauteur de toutes les cuisses de l'Angleterre. J'en ai vu défiler des centaines : grosses, pas grosses, striées de cellulite, fines, parfaites, molles, boutonneuses, veineuses, trop courtes, sans genoux pour délimiter avec le bas de la jambe et j'en passe. Il fait 15 degrés, les petites anglaises sont toutes habillées courtement. Un malade qui ne porte qu'un slip, se frotte sur quelques filles, ce sera le seul pas net de la soirée. La magie féérique des fées et des druides barbus est aussi au rendez-vous, un arc-en-ciel entier et persistant passe pile poil au dessus de la scène, à se demande si c'est pas fait exprès. Impossible d'approcher de la scène bien sûr, mais comme tout est prévu, un écran géant sur la pelouse entouré d'un maximum d'enceintes ballotantes au grès du vent permet de savourer le spectacle comme si j'étais au premier rang. Après ELBOW (pas mal du tout), Matthew Bellamy et Muse vont arriver : plus un seul nuage, les étoiles sont bien visibles, la foule commence à s'approcher...j'vais me pisser dessus, ça va commencer...

 

 

L'avantage d'être Guest dans un festival, c'est de pouvoir imposer sa scénographie, ce qu'a fait Muse. 2 heures de concert, pratiquement 2 albums parcourus totalement "Origin of simmetry" et "Resistance", et la mise en scène de leurs propres live, de quoi retourner la totalité de mes organes vitaux. Il faut les voir sur scène, c'est assez indescriptible, mais disons que les 3 protagonistes sont des bêtes de scène et que les titres sont sublimés à chaque fois. Une performance à couper le souffle qui vaut bien les fosses à caca traversées quelques heures auparavant.

Pendant le concert, pas mal de trucs divers volent dans la foule : de l'eau (j'ai pas trop compris le système, à croire que certains étaient venus avec leur tuyau d'arrosage tant la quantité qui volait était phénoménale), des trucmuches fluos, et plus grave, des bouteilles d'eau en plastique (avec là encore un grand mystère, les bouteilles s'envolaient à 20 mètres du sol et  atterrissaient à 100 mètres de distance, je pense que des petits malins avaient apporté des catapultes).

 

Au retour, on marche au pas, les 40 000 personnes partent en même temps. A un moment donné, dans le camping improvisé, une jeune anglaise (en short donc) tombe les genoux dans la boue, l'éclaboussant jusqu'au menton. D'un même élan, la foule devant moi s'arrête et émet en choeur un "oOoOoOHHHhhhh, mwahahaha" qui contamine tout le monde. On se marre, la petite nous envoie un "it's not funny" encore plus drôle.

Assise dans la voiture, je repense à tout ça, à l'expérience que je viens de vivre, au bracelet du festival qui me donne le pouvoir de la Force, aux émotions, à tout, et aussi à la douche que je vais prendre en rentrant à l'hôtel.

 

Je veux y retourner...

 

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D
<br /> oh ! tiens dis donc ça me rappelle un autre gros rassemblement qu'il y a eu y a pas longtemps... comment ça s'appelait déjà... les jiemeji oui ça doit être ça<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Pfff ... j'te déteste<br /> Signé : une meuf qui a déjà vu muse et s'en fiche royalement mais se serait fait un orgasme auditif avec the offspring et madness<br /> <br /> <br />
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C
<br /> T'inquiète, comme pour tout dépucelage, ça t'arrivera un jour aussi...<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Pffff... J'te déteste<br /> <br /> Signé : un mec qui n'a jamais vu Muse en concert (et qui le regrette vivement)<br /> <br /> <br />
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