2 Avril 2012
La mémoire qui permet de retenir la liste de courses pour remplir le frigidaire est basique et fonctionne sans qu'on y prenne spécialement garde. Mais il existe d'autres mémoires bien plus intéressantes, celles qui nous permettent d'évoluer, ou mémoire du long terme.
Contrairement aux loutres, nous humains, sommes pourvus du système limbique, un très bel outillage régissant nos comportements et nos émotions, ces deux éléments étant bien souvent liés l'un à l'autre. Vous le savez tous, vos comportements sont souvent issus d'une émotion particulière. Prenons un exemple très simple à comprendre :
vous avez envie de casser la dentition de Marcel. Pourquoi ?
Parce qu'il est probable que Marcel soit un gros con : il répéte tout le temps "ah oui ben d'accord, alors d'accord !", il vous tape sur le système limbique, cela suscite en vous une émotion de type agacement, donc énervement, donc violence, donc une envie inopinée de lui faire du mal en le coincant derrière la machine à café.
Après cet incident, Marcel fera naître en vous, et ce, pour l'éternité, une montée fugace de stress, telle une vile remontée acide après avoir mangé indien, la mémoire limbique n'ayant jamais oublié que Marcel est un con. Cela fonctionne comme un écho, une caisse de résonance éternelle. Pour modifier cette empreinte, trois choix s'offrent à vous : travailler sur soi, prendre de la drogue, ou éliminer Marcel.
Mais cette marque indélébile agit aussi souvent pour le meilleur. Oser faire quelque chose qui nous a toujours fait peur (par exemple : faire une omelette sans casser des oeufs) s'inscrit immédiatemment dans la mémoire limbique, permettant de refaire cette action héroïque à plusieurs reprises. Le plus impressionnant dans l'histoire, c'est que cette mémoire émotionnelle peut-être consciente : "oh punaise, j'ai réussi à parler devant tout pleins de gens sans m'uriner dessus !" comme inconsciente, c'est à dire que dans ce cas vous n'aurez pas conscience de vous êtes uriné dessus, ni d'avoir réussi un exploit quelconque, ce qui fait que dans ce cas, vous êtes probablement émotionellement proche de l'huître.
émotion : ligne plate émotion éponge : compassion / sensibilité
Cela marche aussi pour la douleur physique. Le cerveau enregistre une première fois un tourment anatomique : ça pince l'occiput, ce qui n'est nullement un gros mot. Tout est enregistré et répertorié. A la prochaine douleur occiputienne, la mémoire ouvre son petit tiroir : "il a mal à l'occiput", la résonnance du souvenir s'ajoute à la torture présente, et, de ce fait, vous avez la sensation que la douleur s'est aggravée, alors que non, vous ressentez juste l'écho de votre précédente douleur ajoutée à celle qui vous plie en deux à l'instant présent. Vous voyez un peu ce que cela entraîne ? L'équation est simple, la sensation de bobo amplifiée, vous prenez à chaque fois de plus fortes doses de médicaments de type allopathiques, ce qui fait que si on y réfléchit un peu, il y a fort à parier que les labos pharmaceutiques font leur beurre sur notre limbique, peut-être même qu'à la naissance ils nous ont trafiqué le limbique, et ça, c'est pas normal. Moi, j'veux pas qu'on me tripote le limbique !
La mémoire limbiesque se cultive comme un muscle. Plus vous oser, plus vous apprenez à vous dépasser, plus vous agissez, moins vous restez passif, et plus votre limbique prend de la place et permet une ouverture sur soi incomparable. Car comprendre son limbique permet d'identifier ses émotions, et donc, au final, de les contrôler.
Par la suite, savoir jongler avec ses émotions permet de vivre dans le bon costume de soi et non pas une version tronquée façonnée par les autres et la société.
Cela marche pour tout plein de choses. Quand vous regardez un film d'horreur, vous retiendrez surtout les scènes de trouille, parce que l'émotion ressentie restera pregnante. Idem pour les films romantiques avec les signaux physiques que cela envoie : perturbations cardiaques, suées du slip, tremblements compulsifs des mains etc...
Le limbique est donc une pure merveille. Mais on y reviendra...